« Abbaye de Landevennec # 4 » de Philippe Kohn
Anne-Sophie COPPIN, historienne et historienne de l’art, nous invite à partager sa vision de « Abbaye de Landevennec #4 », issue de la série « Haute Lumière » de Philippe KOHN.
« Philippe KOHN nous présente ici une œuvre, telle une invitation, hors du champs espace – temps qui régit chacun d’entre nous. L’apparente simplicité composée de lignes horizontales et verticales permet un cadre dans lequel la profondeur du silence amène à la plénitude. Le sentiment de liberté n’est pas contrit par la protection offerte et structurée des lignes, bien au contraire. La lumière s’accroche aux assises de paille pour nous guider de chaises en chaises vers le fond réflexif de la pièce assombrie. L’atmosphère est rendue poudreuse et enveloppante par les nuances des jeux de lumières sur les différentes matières qui composent cette scène. Le dénuement, au sens de mise à nu, devient chaleureux et salvateur. Le spectateur est happé un instant hors de sa course effrénée dans le monde contemporain. De cet ordre présenté, naît une liberté d’être, non pas aux dépens de l’autre mais à côté de, voire, avec l’autre. L’individualité échappe aux règles de concurrence pour faire prévaloir l’égalité. L’altérité ici rendue sous sa forme la plus abstraite, c’est à dire la multiplication d’objets inorganiques nous interroge sur la distinction de chaque être qui pourrait y prendre place. L’homme est une pluralité faite d’unicités amené à prendre place ici, sur cette unicité faite de pluralités. L’apaisement et la force sont ici assemblés et proposés au spectateur qui devient acteur par l’envie irrépressible de s’asseoir un instant, hors du temps, hors du monde. »
Anne-Sophie COPPIN, historienne et historienne de l’art