Photographe mais également peintre et écrivain, Anthony Barboza est un artiste américain aux racines Cap-Verdiennes. Ayant réussi à mener de front une carrière commerciale et artistique, il exprime la diversité de ces centres d’intérêts dans ses photographies qui utilisent des techniques et des sujets variés. Artiste engagé, il puise son inspiration dans les luttes de la culture afro-américaine des années 70 et dans les courants politiques liés à Martin Luther King qui ont façonné sa vision de l’Amérique.
Né en 1944 dans le Massachussetts, Barboza commence à s’intéresser à la photographie à l’adolescence et décide en 1963, à l’âge de 19 ans de partir à New York pour étudier ce medium. Rapidement il rencontre Hugh Bell, photographe de mode réputé qui accepte de devenir son pygmalion et de lui enseigner toutes les subtilités de la photographie de mode.
Pendant qu’il suit cet enseignement, il passe également beaucoup de temps à faire de la photo de rue. C’est là qu’il rencontre un groupe de photographes afro-américains prénommé « The Kamoinge Workshop » qu’il intègre aussitôt. Dirigé par Roy Decarava puis plus tard par Barboza lui-même, ce groupe propose un forum de discussion autour de la photographie. Son ambition est également de lutter contre les discriminations dont sont victimes les professionnels noirs américains dans ce milieu encore très ségrégationniste. C’est en s’engageant à leurs côtés que Barboza prend vraiment conscience de la place des photographes afro-américains dans la société américaine de l’époque.
En 1968, après avoir travaillé comme photographe dans la U.S. Navy pendant trois ans, il ouvre son studio de photographie à New York. Durant les dix années suivantes, il devient un des photographes de publicité et de mode les plus courus mais en dépit de son succès, Barboza continue à être confronté à la discrimination dans un milieu où les afro-américains sont peu représentés dans les postes à responsabilité.
Pendant cette période, son travail commercial lui permet de nourrir ses passions artistiques. Ses photographies sont largement influencées par la poésie et la musique particulièrement par son amour du jazz. Il révèle ainsi dans le catalogue de l’exposition « The Photography of Anthony Barboza » au Studio Museum de Harlem :
« Ma vie est totalement intégrée dans mon travail. Les photos que je prends, les livres que je lis, la musique que j’écoute, la nourriture que je mange; tout est forme ou partie de mon art… »
Tout au long des années 70, son travail est présenté dans de nombreuses expositions individuelles et collectives comme au MoMa de New York en 1978 ou au Columbia College de Chicago. Pendant ces mêmes années, il prend l’habitude de faire un voyage par an en Afrique où il choisit de se concentrer sur les paysages et les hommes. A partir de 1975, il commence à prendre des centaines de portraits, démarrant avec des amis puis avec des artistes qu’il admire, des intellectuels ou encore des athlètes. A travers ses images, il parvient à révéler la personnalité de ses sujets plus que leurs caractéristiques physiques.
En 1980, il reçoit une bourse de la fondation pour les arts qui lui permet de financer lui-même la publication de « Black Borders » un livre de 30 portraits. Il continue d’exposer aux Etats-Unis ainsi qu’en Europe. Parallèlement il se consacre de plus en plus à l’enseignement. Il donne des cours au centre international de photographie de New York ou au Columbia College de Chicago.
Si Barboza a puisé son inspiration dans de nombreuses sources, il n’y a rien de conventionnel dans ces photos. Ses photographies commerciales possèdent souvent une dimension humoristique que l’on ne retrouve pas dans son oeuvre artistique. Barboza évoque ce point en 1981 dans une interview à Camera Arts : « Mes idées me viennent de partout » dit-il, avant d’ajouter : « n’importe quelle forme ou objet me suggère un scénario et je l’écris. Je ne programme rien vraiment et m’autorise à rester en éveil permanent. Je tente de garder une certaine fraîcheur et spontanéité. Les idées se fanent et meurent lorsqu’elle sont trop élaborées ».
Une vie remplie de combats et de prises de positions (esthétiques comme politiques) n’aura pas suffi à apaiser cet esprit rempli d’idées et d’idéaux. Cet artiste utopiste a néanmoins eu la chance de voir ses rêves d’égalité et de justice faire leur chemin dans cette Amérique chargée de contradictions.
Ses séries de femmes enceintes dénudées, « Black Borders » et « Black Dream/White Sheet » ont ainsi fait l’objet de nombreuses expositions individuelles internationales. Il a exposé récemment (février 2009) à l’African American Museum of Nassau County, NY, preuve que ce père de cinq enfants issus de deux mariages, continue à produire et à s’engager.
Ses oeuvres sont aujourd’hui dans de nombreuses collections particulières ou musées comme « Nigila, NYC, 1973 » acquise par le Musée d’Art Moderne de New York.
2011 Festival Manifesto, Toulouse
2010 Art Elysées, Foire d’art moderne et contemporain, Paris
2009 Art Elysées, Paris
2009 Berliner Liste, Berlin, Allemagne
1990 Los Angeles County Museum of Art
1985 Muchner Stadtmuseum, Munich,
Allemagne
1982 Jazzonia Gallery, Detroit, MI
1982 Studio Museum in Harlem
1979 Witkin Gallery, New York
1978 Museum of Modern Art
1977 Pensacola Art Museum, Pensacola, FL
1975 International Center of Photography, New York
1974 Columbia College, Chicago, IL
1974 Light Gallery, New York
1973 Rochester, New York
1971 Addison Gallery of American Art, Andover, MA
1980 Bourse Photographique National Endowment for the Arts
1978 Bourse Photographique du Conseil d’Art de l’état Massachusetts
1974 & 1976 Bourse Photographique du Conseil d’Art de l’état de New York
Barboza, Anthony, Black Borders, Anthony Barboza, 1980
Introspect: The Photography of Anthony Barboza, Studio Museum in Harlem, 1982