Arnault Joubin pose son décor en noir et blanc car telles sont les couleurs du souvenir. Dans cette série photographique, le photographe a choisi de mettre à l’honneur le regard de l’enfant en rendant hommage aux compagnons rassurants des tout-petits : « Les Doudous ».
Usés, abîmés, meurtris, les doudous à travers l’objectif d’Arnault Joubin sont magnifiés et réhabilités en objets rares, inestimables et attachants. Chaque doudou devient unique comme le sont les oeuvres d’art. Par analogie (valeur émotive/valeur marchande), l’auteur fait un parallèle entre deux systèmes de valeurs : celui de l’enfance et celui de l’âge adulte.
Car l’enfant, souvenons-nous !, ne perçoit pas le monde de la même façon que les grandes personnes. Sa vision est façonnée par d’autres critères. Émotifs et sensoriels, surtout. Ces objets adulés sont pourtant, avec le temps, laissés pour compte. Passé un certain âge, l’imagination mûrie. Sagement, l’oeil voit les choses telles qu’elles sont socialement et communément perçues. Les notions de valeur et de bon goût prennent possession de nous. Les adultes que nous sommes oublient trop souvent les enfants qu’ils ont été.
Arnault Joubin n’entend pas consentir à cet abandon et part à la recherche de ce temps où les sentiments, les sensations et les attaches sont d’un autre ordre. Il rencontre les anciens acolytes des doudous. Aujourd’hui ils se souviennent vaguement de ceux avec qui ils ont autrefois partagé tant de moments. Chacune des peluches photographiées raconte l’histoire d’une personne rencontrée par le photographe. Forts de leur nouveau statut, les
doudous sortent de leur cachette, de l’oubli, là où jadis la croissance de leurs comparses les avait jetés. Une rédemption les attend : nouvelle postérité. L’oeuvre d’art, elle, ne perd pas sa valeur avec le temps.