En janvier 2014, Arnault JOUBIN, bien connu comme portraitiste, est sélectionné pour une résidence artistique au Cill Rialaig Arts Centre dans la région Kerry au Sud-Ouest de l’Irlande. À cette occasion, il développe un nouveau travail photographique et plasticien sur les paysages de la région. Passionné par ce pays, il utilise les éléments du patrimoine naturel irlandais pour réaliser également un magnifique travail de sculpture.
Fidèles à la personnalité de l’artiste, généreuse et entière, ses paysages irlandais nous plongent dans un univers fait d’obscurité exacerbée qui met en lumière la beauté des reliefs celtes. Tantôt rassurante, tantôt inquiétante, la nature irlandaise d’Arnault Joubin s’habille de noir et nous invite dans une obscurité envoûtante dont on ne sait si elle est le fait de l’aurore ou du crépuscule, si elle appartient au passé ou à l’avenir, si elle nous renvoie à nos origines ou nous transporte dans notre devenir… Ici une imposante falaise abrupte, là une dune toute en rondeur, des lits de schiste, un océan tantôt coléreux, tantôt apaisant, des arbres celtes aux traits mystérieux, l’oeil du spectateur navigue entre la violence et la douceur d’un univers immortalisé dans toute sa splendeur. Arnault Joubin ne s’éloigne jamais de son sujet de prédilection en nous invitant dans une nature nourricière et généreuse, mère et berceau de l’humanité tout autant que séductrice.
Maniant à la perfection toutes les subtilités que peut offrir le numérique, il déploie une palette de matières et de lumières qui réécrivent l’instant si intime où le promeneur s’entretient avec la nature confidente, à la fois complice de son vécu intime et sujet aux questionnements et débats les plus universels et les plus contemporains.
C’est avec pudeur que le photographe invite son objectif dans la scène et fait taire la lumière. Ne pas déranger cet instant de prédilection volé au promeneur, immergé au plus profond de sa propre nature et de la nature propre. Arnault Joubin fabrique sa nuit des temps et nous immerge au coeur du spectacle du monde, de la mythologie celte. La question du noir reste posée. Couleur du doute ? Couleur du deuil ? Couleur du désir ? Couleur du mystère ? Cette invitation à la méditation force alors notre présence. Ivane THIEULLENT