Inside Views (2004- 2011)
Floriane de Lassée a construit une série dans laquelle de vastes paysages urbains et la vie intime des gens qui les habitent sont présentés ensemble dans une fusion provocante. «Inside Views» nous fait passer du collectif à l’intime, de l’infiniment grand à l’infiniment petit : à première vue, les paysages urbains balayés nous confrontent au visage impersonnel de la grande ville. Mais un regard plus attentif révèle la présence de résidents alors qu’ils se déplacent dans l’intimité de leurs espaces intimes. À l’intérieur de leur jolies cages de verre, ils semblent avoir oublié le monde extérieur, perdus dans leurs rêveries ou leurs tâches ménagères. De petits croquis de vie se jouent d’eux-mêmes sous notre regard voyeuriste. Ces visions singulières se situent quelque part entre les toiles hyperréalistes d’Edward Hopper, «Fenêtre sur cour» d’Alfred Hitchcock et les tableaux photographiques de Jeff Wall. Floriane est venue à New York pour à ICP en 2003. Elle a tout de suite été fascinée par la beauté des lumières nocturnes de la ville qui ne dort jamais, et par la proximité créée par tant de grands immeubles si proches les uns des autres. L’idée de poser des sujets a suivi peu après, bien qu’elle ait ajouté son lot de complications : «Contrairement aux apparences, les photos ne sont jamais superposées. J’aime jouer avec cette ambiguïté. Pourtant tout est là au moment où la photo est prise. Ce résultat demande beaucoup de préparation et de nombreux éclairages artificiels que je déclenche à distance». Depuis ses premiers clichés de New York, Floriane a voyagé avec son appareil grand format dans d’autres «villes clés» du XXe siècle. Mais au final, peu importe que nous soyons à Shanghai, Tokyo, Las Vegas ou Istanbul : «L’idée n’est pas de créer un ensemble de cartes postales, mais d’évoquer un sentiment universel de la solitude : c’est la solitude ultramoderne». Inside Views est sa première monographie éditée par Nazraeli Press en 2008.