« Je suis tombé amoureux d’un modeste sentier qui chemine entre deux haies, entre deux prés, dans le nord de la Corrèze. J’y séjourne une semaine avec pour seule compagnie les vaches aux longs cils qui broutent en me dévisageant ; j’ai fini par les connaître, la plus âgée s’appelle Bigoudi. 432, c’est le nombre de pas comptés à parcourir ce sentier, point de métrage nécessaire, ce sont les pieds qui composent la mesure. Je découvre un nid au creux de trois fines branches ; j’admire l’ingéniosité et la patience déployées pour construire brin après brin cet abri d’une rondeur parfaite. A travers les feuillages le soleil transfigure les écorces et les mousses qu’il éclaire tel un projectionniste sans cesse en mouvement. Je m’assieds sur un muret : je contemple la lumière qui se déplace sur les pierres, les oiseaux m’offrent leurs chants ; cela suffit à mon bonheur. »
Philippe KOHN