© Nyaba Ouedraogo / Les Fantômes du fleuve Congo
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« Dans Au coeur des ténèbres, de Joseph CONRAD, le narrateur Charlie MARLOW est envoyé en amont du grand fleuve Congo pour ramener du « poste avancé de l’intérieur » un certain KURTZ… Au terme d’un aventureux voyage en bâteau,
sous une pluie de flèches, MARLOW découvre que KURTZ mangeait les Africains : « Délirant dans son agonie, KURTZ, la tête » lisse comme une boule d’ivoire », s’éteint avant le retour à la civilisation. Son dernier cri est un souffle d’effroi : « L’Horreur ! L’Horreur ! »
À Brazzaville, l’embarcadère du port fluvial est long de plus de six kilomètres : bienvenue sur la beach. Ici, le soleil brûle, pas de sable fin, pas de touristes, la chaleur est accablante et des pluies torrentielles s’abattent sur le sol.
Le Congo est le deuxième plus long fleuve au monde, après l’Amazone. Vous avez le temps de boire une bière locale, la Primus ou la Skol. Ou suivre le conseil de Joseph CONRAD dans Au coeur des ténèbres : « Évitez de vous mettre en colère car au pays, c’est comment tu vas ? Bien, ça dérange pas. »
À l’heure où la corne de l’Afrique subit les effets dévastateurs de la sécheresse, le fleuve Congo n’est pas non plus épargné par ce fléau. Considéré comme une grande route naturelle depuis l’arrivée des colons, il pourrait même finir par disparaître. Dans cette aventure photographique, je me suis demandé comment, à partir du récit littéraire de Joseph CONRAD, je pourrais construire une narration photographique sans tomber dans la caricature.
En 2011, au démarrage de ce projet, j’ai été convaincu que je pouvais montrer une vision subjective et naturaliste, créer des images surréalistes et, en même temps, sensibiliser le spectateur. Les images sont conçues comme des métaphores du dilemme de notre existence contemporaine. Je suis à la recherche de cet espace invisible dans lequel tout devient possible, pour un dialogue visuel entre séduction et inquiétude, entre attraction et répulsion.
Dans cette série Les Fantômes du fleuve Congo, spécifiquement du point de vue de Brazzaville, j’ai volontairement évoqué la tension, la violence, la liberté et la vie qui existent dans ce fleuve mythique et mystique à la fois. J’ai souhaité parler de ces hommes et le rapport qu’ils entretiennent avec le fleuve. À travers mes images, je rends compte du passé et du présent. Je montre une vision documentariste, artistique et conceptuelle. Je montre un Congo nouveau, un Congo contemporain. »
Nyaba Léon OUEDRAOGO